Akai ito
livre 1
Chapitre 15
Megumi ne sut combien de temps elle resta ainsi, dans le jardin, à faire les cent pas, et à le traverser de long en large.
Son cerveau était en ébullition.
Elle était tantôt folle de rage, tantôt profondément triste.
« Bon sang, je n'arrive pas à me calmer ! »
La jeune lycéenne avait envie de faire demi-tour et de lui flanquer la gifle de sa vie.
Mais elle devait garder son calme. Elle était trop épuisée pour réfléchir correctement. Il était plus sage d'aller dormir un peu, au lieu d’agir sous le coup de la haine.
Mais comment pourrait-elle dormir alors que son corps tout entier vibrait encore de rage et d'indignation ?
Je n'y peux rien si elle allume les gens...
« Bon sang ! »
« J'aurais dû le frapper ! »
« J'aurais dû le massacrer ! »
Fondre en larmes et sortir de cette manière, avait été la pire chose à faire.
C'était comme lui donner raison.
Pourquoi s'était-elle écrasée de la sorte devant lui ?! Et d’ailleurs… Pourquoi ne cessait-elle de s'écraser, depuis le premier jour de son existence ?
Elle se voyait encore, pitoyable et en larmes, regarder son petit ami Motoharu la tromper sans réagir.
Elle n'avait jamais cessé de se comporter ainsi !
Mais pourquoi ? N'avait-elle pas droit, elle aussi, au respect ?
S'était-elle déjà montrée impolie envers les autres ?
- Pas que je sache ! Grinça-t-elle entre ses dents, en donnant un coup de pied contre un caillou innocent.
Comment ce type pouvait-il donc oser l'insulter de la sorte ?
« Et moi qui m’attendais à le retrouver tout gêné et contrit... »
Ce type l’avait entraînée dans ses bêtises, l’avait abandonnée pour aller s’amuser de son côté, et elle avait eu la peur de sa vie en se faisant agresser par l’un de ses « amis » …
Et au lieu de lui présenter ses excuses… Il la traitait d’allumeuse ?
Une seconde fois ?!
Comment osait-il la rabaisser de la sorte avec sa désinvolture et son mépris ?
Non, elle ne pouvait pas se calmer, elle était bien trop hors d'elle.
Les yeux larmoyants de rage, Megumi tourna les talons et s'apprêtait à retourner dans la salle principale, lorsqu'elle le vit soudain sortir de la maison, en direction des jardins, d'un pas paresseux.
« Ah ! Tu tombes très bien ! »
Sans parvenir à écouter la petite voix en elle qui lui criait qu'elle valait mieux que cela, elle s'élança à sa rencontre, d'un pas rapide, le regard déchaîné.
Hayate leva la tête vers elle et s'arrêta, intrigué.
Megumi se retrouva à peine à son niveau qu'elle lui assenait déjà une gifle retentissante et libératrice.
Sa tête se renversa sur le côté, et la jeune lycéenne se sentit soudain un peu plus légère.
La gifle lui avait brûlée la main, mais c'était une douleur réconfortante.
- Écoute-moi bien, toi ! C'est la dernière fois que tu me traites d'allumeuse... le menaça-t-elle d'une voix tranchante. Tu m'as bien entendue ?
Hayate haussa un sourcil et tourna la tête vers elle en massant sa joue endolorie, un petit sourire aux lèvres.
- Pourtant, c'est exactement ce que tu viens de faire, Megu chan, railla-t-il comme si la gifle l'avait émoustillé.
Il la provoquait. Comme toujours.
Et Megumi dut faire appel à toute sa force mentale pour ne pas lui faire ravaler son sourire.
- Tu sais quoi ? Va juste mourir, dit-elle en tentant de le contourner.
- Ça, ce n'est pas très gentil, ricana-t-il en lui barrant la route, je te fais sortir un peu, et c'est comme ça que tu me remercies ?
Megumi déglutit. Il était beaucoup trop près d'elle, et son regard écrasant aurait fait fuir n'importe qui, pourtant elle s'accrocha et se retint de reculer. Préférant l'affronter du regard, sans flancher.
- Tu m'as lâchée au milieu de la soirée, grinça-t-elle entre ses dents.
- Je ne t'ai pas lâchée, se défendit-il avec nonchalance. Comme j'ai vu que tu t'amusais bien... je me suis dit que je pouvais m'éclipser un petit moment.
- Un petit moment ? Répéta-t-elle en plissant les yeux de colère, je ne t'ai pas revu de la nuit, Hayate !
Il se balança de droite à gauche en regardant ailleurs, feignant un malaise qu'il ne ressentait visiblement pas du tout.
- Oui bon, peut-être... qu'il se pourrait que je me sois un peu endormi... avoua-t-il en souriant, comme si la situation l'amusait.
Megumi en resta sans voix. Elle cligna des yeux, espérant sincèrement avoir mal compris.
- Tu t'es endormi ? Tu te fiches de moi ?
Il se mordit la lèvre inférieure, comme s'il se retenait de rire, et Megumi sentit tout à coup une immense tristesse l’envahir et écraser sa colère...
- Je t'ai attendu dehors... pendant des heures, avant de finalement me décider à rentrer seule, dit-elle en le dévisageant d'un air offensé, j'avais froid, j'étais terrifiée...
- Mais qu'est-ce que tu fichais dehors, toi, aussi ? s'enquit-il en haussant les épaules, il te suffisait d'envoyer mes camarades me chercher et je serais revenu.
- C'est l'un de tes potes qui m'a agressée, imbécile ! Comment pouvais-je retourner à l'intérieur comme si de rien n’était, après ça ?! Tu étais le seul à qui je pouvais me fier, alors je me suis cachée en t'attendant ! J’avais trop peur de parler à qui que ce soit d’autre !
Hayate secoua la tête et regarda ailleurs en pouffant de rire.
Il tentait visiblement de garder un air détaché mais, Megumi avait la sensation de voir son masque se fissurer légèrement.
- Et toi, pendant ce temps-là, tu ronflais tranquillement... soupira-t-elle en le toisant du regard, je n'y crois pas...
Il leva les yeux au ciel avant de la regarder de nouveau avec une lassitude morne.
Son regard s'arrêta ensuite sur sa blessure à la mâchoire, avant de se poser sur son bandage au niveau du poignet.
Elle aurait espéré voir le masque se fissurer un peu plus, mais au lieu de cela, son visage se ferma. Brusquement.
Comme dans un claquement.
- Et sinon... C'était lequel ? Demanda-t-il avec légèreté.
- Qu'est-ce que ça change ? De toute façon, il n'a pas eu le temps de me faire grand-chose, il est reparti dès qu'il a compris que j'étais une « femelle » ...
Megumi crut voir une lueur de soulagement, très brève, passer dans son regard. Mais c’était impossible, elle avait dû rêver...
- C'est bon, je vois lequel c'est, marmonna-t-il en détournant les yeux.
- Bref, on s'en fout de ton pote ! Ce qui est fait est fait, et pour l'heure, je me moque bien de lui ! C'est toi qui m'as réellement déçu cette nuit !
Il la regarda de nouveau tandis qu'elle le contournait pour repartir.
- Je ne sais pas quel était ton but en m'embarquant avec toi, mais sache que j'ai passé la pire nuit de toute ma vie, et de loin ! Mais merci pour la leçon, ça m'apprendra à suivre n'importe qui...
- Pourtant... railla-t-il en dressant son bras devant elle pour l'arrêter de nouveau, je t'ai vu te marrer à t'en décrocher la mâchoire, du début à la fin.
- Oui, mais ça c'était jusqu'au moment où tu es allé faire tes cochonneries avec ta serveuse crasseuse ! Marmonna-t-elle avec dégoût, les yeux noirs plongés dans les siens.
Hayate haussa les sourcils, puis il la dévisagea pendant un instant, avant de se mettre doucement à rire.
- Ah... Ça y est. J'ai compris, s'amusa-t-il.
Elle fronça les sourcils sans comprendre.
Il se mit à rire de nouveau, un brin moqueur et Megumi décela une telle noirceur dans ses prunelles, qu'elle comprit qu'elle allait devoir le contredire, quoi qu'il lui dise.
- C'est ça le problème, en vrai...Tu es jalouse, dit-il en plissant ses yeux dangereux, ça t'a emmerdé de me voir partir avec elle...
Silence.
Megumi cligna des yeux, puis elle ferma les paupières et poussa un soupir exaspéré en se massant entre les sourcils, mimant une soudaine migraine.
Certes, il avait raison, mais avec cet air supérieur qu'il arborait, elle n'avait aucun mal à cacher sa gêne intérieure, tant elle était agacée.
- Ça vole pas haut, là-dedans... marmonna-t-elle. J'ai dit... reprit-elle en articulant chaque mot, comme si elle parlait à un attardé : Que ma soirée est partie en sucette à l'instant où tu t'es tiré avec elle ! Pour la simple et bonne raison, que mes ennuis ont commencé à ce moment-là ! D'où est-ce que tu me sors cette histoire de jalousie ?
Il la dévisageait avec un sourire amusé de plus en plus large et exaspérant, comme s'il était déjà convaincu qu'il avait vu juste, et que rien ne le ferait changer d'avis.
- "Partie en sucette" ? Répéta-t-il soudain, intrigué.
Elle secoua la tête, exaspérée.
- On s'en fout, c'est une expression, s'impatienta-t-elle. Je me fiche de ta relation avec elle, tu fais ce que tu veux ! Ce que je te reproche, c'est de m'avoir laissée tomber pour ton petit amusement personnel ! Rien de plus !
Il pouffa doucement de rire, puis, il se mordilla la lèvre en la fixant à travers ses cils.
- Rien de plus ? Insista-t-il à voix basse.
- Oui, rien de plus.
Megumi recula instinctivement lorsqu'il fit un pas vers elle, et se figea en sentant un arbre dans son dos.
Elle s'y accrocha par réflexe pour ne pas tomber, puis elle se redressa un peu maladroitement pour l'affronter du regard.
Ses intenses yeux verts la dévisageaient avec une curiosité sadique.
Megumi ressentit alors des picotements, comme si tout son corps était privé d'oxygène.
- Pourquoi tu mens ? Demanda-t-il enfin à voix basse.
Une voix rauque qui lui donna la chair de poule...
Megumi sentit son cœur se figer avant de repartir au galop. Elle croisa les bras et l'affronta du regard en plissant les yeux avec sévérité pour cacher son trouble.
- Je t'ai dit ce qu'il en était. Je me fiche que tu me crois ou non, ça ne me fait ni chaud, ni froid...
Il s'était rapproché d'elle comme un prédateur. La jeune femme ne se souvenait même plus comment elle s'était retrouvée coincée entre lui et l'arbre.
Elle n'osait plus bouger...
La moindre parcelle de son corps se réveillait sous l'effet de sa proximité.
Elle se mordilla la lèvre inférieure en se maudissant pour sa faiblesse et tenta de fuir son regard...avant de le chercher de nouveau.
Hayate inclina la tête sur le côté, et ses yeux verts se promenèrent sur son visage, sa nuque, ses lèvres...
Elle déglutit difficilement en détournant les yeux.
- Qu'est-ce que tu fais... ? Souffla-t-elle.
Le regard qu'il posait sur elle devint brûlant, comme s'il était mentalement déjà occupé à la dévorer, et un sourire dangereux étira ses lèvres lorsqu'elle osa enfin le regarder à nouveau.
Ce sourire terrible…
Le même qu'il devait utiliser pour faire fondre toutes les femmes.
Comme elle fondait elle-même en ce moment...
- S'il te plaît, murmura-t-elle sans détourner les yeux cette fois, ne me regarde pas comme ça...
Sans la quitter des yeux, il saisit une mèche de ses longs cheveux et l'enroula autour de son doigt.
- Pourquoi ? Lui demanda-t-il doucement, je te mets mal à l'aise, Megu chan ?
Megumi devint cramoisie. Elle se racla la gorge et se glissa sur le côté pour l'inciter à la relâcher.
Ce qui sembla beaucoup amuser Hayate.
Il s'appuya paresseusement contre l'arbre, tout près d'elle, alors que Megumi ne savait plus sur quel pied danser.
- Mais... À quoi tu joues ? Bredouilla-t-elle, perdue. Qu'est-ce que tu cherches ? Je n'arrive vraiment pas à te cerner...
Elle croisa de nouveau son regard, mais il semblait la regarder sans vraiment la voir.
- Tu n'arrives pas à me cerner ? Répéta-t-il d'un air un peu amusé.
Elle haussa les épaules, impuissante.
- J'essaye, oui, mais je n'arrive pas à te suivre...
Elle chercha ses mots, pendant un instant.
- Cette nuit s'est peut-être mal terminée, mais... avant ça, je me suis réellement amusée. Je n'avais même jamais autant ri de toute ma vie, lui avoua-t-elle.
Elle se détacha de l'arbre pour le regarder directement.
- Toi aussi, tu riais... Et à ce moment-là, tu avais l'air si innocent que... je me suis dit que tu devais probablement être quelqu'un de bien, mais... Là, maintenant, je ne sais plus ! Je ne sais plus si tu es un « gentil » ou un « méchant » ! Conclut-elle en mimant les guillemets.
Un geste qu'Hayate ne comprit visiblement pas du tout, mais il ne s'y attarda pas.
Il pouffa d'un rire sans joie, le visage moqueur, et Megumi comprit qu'il ne la prenait vraiment pas au sérieux...
- Ah mais moi, je suis très gentil, Megu chan ! Railla-t-il.
« Ok, il se fiche de moi... » s'énerva-t-elle en lui jetant un regard noir.
Il se détacha de l'arbre pour s'approcher d'elle de nouveau.
Megumi se figea aussitôt lorsqu'il leva la main pour caresser une mèche de sa chevelure, une nouvelle fois.
- Tu as vraiment de très beaux cheveux, Megu chan...
- Ne change pas de sujet...
- Mais je t'ai répondu, rit-il. Je t'ai dit que j'étais très gentil !
Elle lâcha un soupir d'impatience et le força à relâcher ses cheveux.
- Laisse tomber... On ne peut pas discuter sérieusement avec toi, marmonna-t-elle en se détournant pour partir.
- Ha ha, mais que veux-tu que je te dise ? S'amusa-t-il en la retenant par le bras. Que je suis méchant ? Tu aimes ce genre-là ?
- Je n'ai jamais dit ça, dit-elle en rougissant, je veux juste...
Elle perdit ses mots et passa la main sur son visage en soupirant, sous le regard rieur d'Hayate.
- Pourquoi souhaites-tu soudainement mieux me connaître, Megu chan ? Demanda-t-il malicieusement. C'est un peu déroutant...
Elle se figea et tenta de récupérer son bras, mais il resserra sa poigne sans la quitter de ses yeux verts désarmants.
- Je n'y tiens pas particulièrement...
- Pourquoi mens-tu encore? S’amusa-t-il d'un air faussement affligé. Le souci, tu vois, c'est que contrairement à moi, tu es très facile à cerner...
Elle rougit jusqu'à la racine des cheveux et le fusilla du regard avant de détourner les yeux avec mauvaise humeur.
- Ça suffit maintenant, laisse-moi m'en aller, marmonna-t-elle entre ses dents.
Mais son sourire s'accentua et il l'adossa de nouveau contre l'arbre avant de se dresser devant elle.
- Pourquoi ? Ça commence tout juste à devenir intéressant, dit-il de cette voix si grave qui la faisait tant frissonner.
Megumi leva un regard noir vers lui tandis que le souvenir de la serveuse lui revenait en mémoire.
Et l'image du regard séducteur et sombre du capitaine, fixant cette femme, lui marqua de nouveau le cœur au fer rouge...
Elle serra les poings de colère.
À quoi jouait-il ? Qu'attendait-il d'elle ? N'avait-il donc déjà pas une petite amie pour ce genre de chose ?
N'en avait-il pas eu assez durant la nuit ?
- Je ne sais pas ce que tu as derrière la tête, mais si c'est ce à quoi je pense, je te conseille de vite rejoindre ta petite copine, parce que je ne suis pas intéressée...
Il se mit à rire, et Megumi dut se contenir une nouvelle fois, pour ne pas lui faire ravaler son sourire.
Il se mordilla la lèvre et posa un regard arrogant sur elle.
- Allons, Megu chan, se moqua-t-il. Arrête un peu...
Elle fronça les sourcils et il ajouta, avec un sourire méprisant :
- Tu le sais autant que moi... Si je le voulais vraiment, on serait déjà dans ta chambre, à l'heure qu'il est…
Megumi cligna des yeux, profondément scandalisée, et le regarda comme si des cornes avaient poussées sur sa tête.
- Lol, répondit-elle avec sarcasme.
- « Lol » ? S'amusa-t-il en fronçant les sourcils, interrogateur
- Non mais... Sérieusement, marmonna-t-elle, en le toisant, tremblante de colère, tu m'as prise pour qui ? Espèce de connard !
Une lueur rieuse passa dans ses beaux yeux verts, il était visiblement satisfait de la voir si indignée.
- Ta colère ne fait que me confirmer que j'ai vu juste, Megu chan... La provoqua-t-il.
Un mélange de rage et d'humiliation se consumait en elle. Megumi serra les dents et les poings pour ne pas perdre son calme et le défigurer en le griffant jusqu'au sang...
Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ?
Qu'est-ce qui n'allait pas chez ELLE ?
Cet homme éveillait une facette d'elle qu'elle ne connaissait pas, et elle redoutait de s'y perdre...
- Admets-le, Megu chan... susurra-t-il en approchant son visage dangereux du sien.
Ses yeux étincelaient comme des pierres précieuses.
L'air chargé de tension semblait crépiter dangereusement autour d'eux...
- J'ai juste à faire un pas vers toi... souffla-t-il en appuyant son coude contre l'arbre, tout près de son visage. Un seul… Et tu serais à moi.
Megumi déglutit, tandis qu'une boule lui montait à la gorge.
Elle sentait son souffle chaud caresser sa joue. Il était beaucoup trop proche !
Et même si elle aurait adoré être répugnée par lui, elle ne pouvait ignorer cette sensation enivrante qui lui gonflait le cœur.
Quel était donc ce sentiment ?
De sa vie, jamais personne n'avait provoqué en elle, un tel bouleversement...
Et cette sensation commençait à devenir pour elle, une véritable humiliation.
Elle devait garder son calme et ne surtout pas le laisser croire qu'il pouvait prendre le dessus sur elle, alors elle ignora les pulsations déchaînées de son cœur et s'efforça de le regarder dans les yeux.
- Tu es bien trop sûr de toi. Je comprends que tu aies envie d'y croire, dit-elle enfin, d'une voix sereine, un brin sarcastique. Mais les rêves, c'est la nuit, mon pote... Ou pendant la sieste, pourquoi pas ?
Il pouffa de rire, le regard brillant, visiblement émoustillé par sa répartie.
- Mais je suis très flattée que tu rêves de moi, conclut-elle avec un sourire sardonique.
Elle avait à peine terminé sa petite tirade sarcastique, que les lèvres rieuses d'Hayate se plaquaient déjà contre les siennes.
« HEIN ?! »
Sous le choc, Megumi resta pétrifiée pendant un instant, rouge jusqu'à la racine des cheveux, puis elle tenta de le repousser, mais il attrapa ses poignets afin de les bloquer au-dessus de sa tête, contre le tronc d'arbre.
Elle aurait voulu se montrer plus combative, mais lorsqu'il l'écrasa contre son torse, Megumi eut l'impression de sentir tout son corps prendre feu.
« Non, ne le laisse pas gagner ! »
Megumi s'accrocha à sa lucidité de toutes ses forces, et mordit sa lèvre inférieure jusqu'au sang.
Hayate émit un petit grognement, puis, un sourire excité étira ses lèvres et il l'embrassa avec davantage de ferveur.
C'était un baiser intense, ardent, pressant...
Un baiser presque violent qui ne laissait que très peu de place aux pensées cohérentes.
Des frissons de plaisirs la parcoururent lorsqu'il la força à desserrer ses dents avec sa langue.
La jeune femme sentit alors ses forces la quitter, et son corps devenir soudain aussi faible que celui d'un chaton venant de naître.
Ses forces l'abandonnaient complètement à son contact.
Elle ne parvenait même plus à se souvenir pourquoi elle devait à tout prix le repousser.
Son cœur gonflait, il allait exploser… Ce tourbillon de sensations était si fou, si enivrant, que cela en devenait effrayant.
Elle avait l'impression de se perdre.
De devenir quelqu'un d'autre...
Soudain, sans lâcher sa bouche, il relâcha ses poignets et la saisit brusquement par les cuisses en la soulevant.
Sans se poser de question, Megumi s'accrocha à ses épaules et ses jambes s'enroulèrent instinctivement autour de sa taille.
Hayate grogna en l'écrasant contre le tronc d'arbre, et Megumi gémit contre sa bouche lorsqu'elle sentit une masse dure et brûlante contre son intimité.
Une sensation extraordinaire lui traversa brutalement le corps.
Une foudroyante explosion des sens qui lui faisait perdre la tête.
Elle devenait folle. Elle n'avait plus les idées claires, et il lui était devenu impossible de se détacher de lui.
Soudain, Hayate s'arracha à ses lèvres, le regard bouillant, et Megumi eut la sensation d'être déconnectée de son propre corps. Elle en voulait plus. Beaucoup plus.
Elle était à bout de souffle...
Hayate inclina la tête sur le côté et contempla l'expression de la jeune femme en se léchant la lèvre supérieure, un sourire victorieux sur le visage...
- Bon... On ne va pas faire ça dehors, en plein jour, tout de même ! On va dans ta chambre ? La provoqua-t-il, le regard cruel.
Cela lui fit l'effet d'une douche froide. Megumi reprit violemment ses esprits, et remua de toutes ses forces pour se dégager de son étreinte.
- Ne me touche pas, sale chien ! Explosa-t-elle en le repoussant le plus loin possible d'elle.
- Ouh là, ne le prends pas comme ça, Megu chan, s'amusa-t-il en levant les mains, comme s'il rendait les armes. Si tu préfères qu'on le fasse plutôt dans ma chambre, ça m'est égal !
Elle grogna de colère et le poussa de nouveau avant de repartir en direction de la maison, d'un pas déterminé et furieux.
- Va bien te faire foutre ! Charlot ! Aboya-t-elle avec colère.
Sa tête tournait, elle avait l'impression d'avoir été complètement brisée en deux !
Elle regagna sa chambre par la porte extérieure et la claqua pour le dissuader de la suivre.
Furieuse, elle écrasa son poing contre le tas de couverture et saisit son oreiller avant d'y étouffer ses grondements de fureur.
Comment avait-elle pu tomber aussi facilement dans son piège ? Comment avait-elle pu le laisser l'humilier de la sorte ?
Elle aurait voulu mourir de honte...
Désespérée, elle essuya sa bouche avec sa manche, ses lèvres vibraient encore, suite au contact brûlant de celles d'Hayate.
Son corps tremblait toujours, comme dans l'attente... de quelque chose qu'elle préférait ignorer.
De quelque chose de brûlant, et de terriblement indécent.
Comment avait-elle pu en arriver là ?
Quelle honte !
- Bon sang, soupira-t-elle en appuyant tristement son front contre ses genoux.
« Il m'a volé mon premier baiser... ».